Les flats

Les flats sont des images prises d’une surface blanche homogène, destinées à calculer un master flat. Ce master flat est ensuite appliqué à l’ensemble des images brutes afin de corriger le vignetage optique, les traces de poussières, de rayures… Toute la difficulté réside dans l’obtention d’une surface éclairée de façon uniforme et il y a plusieurs façons de faire.

Ce qu’il faut

On a besoin d’une surface lumineuse uniformément éclairée.

Lors de la prise de vues, les images ne doivent être ni sous-exposées ni saturées. C’est assez simple pour un capteur monochrome, mais parfois plus compliqué avec les capteurs couleurs pour lesquels un plan couleur peut être correctement exposé, mais un autre sous ou sur exposé selon la source lumineuse.

Même si ce n’est pas une absolue nécessité, il est préférable de régler l’appareil photo à 100 ISO ou moins, en mode priorité ouverture (Av ou A). L’appareil photo exposera alors convenablement. En manuel, assurez vous que l’histogramme est entre 1/2 et 2/3 à droite :

Si vous utilisez un objectif, ne modifiez pas l’ouverture utilisée pour les brutes car cela changerait le vignettage.

Attention, les LEDs qui équipent la plupart des solutions présentées sont généralement alimentées en courant pulsé (PWM) pour permettre de contrôler leur luminosité. Cela signifie que l’écran est alternativement et rapidement éteint et allumé. Il est important de poser suffisamment longtemps pour ne pas avoir un flat pris pendant une transition, au risque de voir apparaître une image curieuse.

Sur le ciel

Photographiez une zone de ciel uniforme juste après le coucher ou juste avant le lever du Soleil. Cette méthode n’est pas envisageable avec des focales de moins de 200 mm environ car vous ne pourrez trouver de zone uniformément éclairée et vos flats introduiront un gradient.

Si les étoiles sont encore visibles sur la photo, prenez plusieurs photos décalées et les étoiles partiront à l’empilement.

Feuille ou tissu blanc

Photographiez une feuille blanche posée sur le télescope ou l’objectif et éclairée avec la lumière du soir ou du petit matin, ou éventuellement latéralement avec une lampe torche. On peut remplacer la feuille par un tissu blanc et propre bien tendu sans plis sur le télescope.  Attention aux fuites de lumières qui pourraient polluer l’image. Cette solution n’est pas adaptée aux télescopes de type serrurier.

La feuille n’est pas adaptée aux télescopes de gros diamètre, car vous aurez du mal à trouver une feuille assez large, où à la manipuler sans la plier, la salir ou l’abimer. Un tissu blanc, propre, sans pli ni couture et bien tendu sera plus pratique.

La feuille est rarement homogène, il est donc préférable de multiplier le nombre de poses en pivotant et déplaçant la feuille entre chaque pose.

Si vous utilisez une lampe torche pour éclairer la feuille ou le tissu, il est important de ne pas se placer en face du télescope, mais de l’éclairer à 45° environ et de changer de position entre chaque pose, de façon à répartir les défauts d’illumination de la lampe.

À gauche, éclairage de face avec la lampe torche, à droite éclairage de côté.

Le traitement médian des photos étalera ensuite les inhomogénéités.

Boite à flat

Comme son nom l’indique, il s’agit d’une boite dans laquelle on installe des sources lumineuses (maintenant des LEDs, mais avant des ampoules à incandescence) qui vont éclairer indirectement la surface blanche qui sera photographiée. Elles sont placées de façon à ne pas provoquer de reflets spéculaires sur la surface photographiée et d’illuminer la surface de façon la plus uniforme possible.

Elles sont assez simples et peu coûteuses à fabriquer soi-même et plein de conceptions sont disponibles sur Internet. Elles peuvent aussi être adaptées à toutes les dimensions des télescopes.

La boite à flat est surtout utilisée par les personnes disposant d’un poste fixe, elle procure une lumière de bonne qualité mais il faut de la place pour la ranger. Elle n’est donc pas très adaptée aux configurations nomades où tout doit tenir dans un petit volume facilement transportable.

Écran d’ordinateur/tablette/smartphone

Il suffit d’afficher une image blanche et de poser l’écran sur le télescope, à condition que l’écran le recouvre bien…

L’avantage est qu’ils sont généralement autonomes en énergie (pour autant que la batterie ait tenu jusque-là !). Ces écrans sont en plus très pratiques car on peut facilement les calibrer en changeant la couleur de l’image affichée pour illuminer correctement le capteur dans les 3 plans de couleur R, V et B. Par exemple, s’ils n’émettent pas assez de rouge, il suffit de baisser l’intensité dans le vert et le bleu en affichant une image de teinte rosée.

Panneau EL

La technologie EL est disponible en feuille ou en fils. Cette technologie utilise la propriété qu’ont certains matériaux à émettre de la lumière lorsqu’ils sont excités par une tension alternative à haute fréquence (généralement 120 V à 1000 Hz). Le boitier d’alimentation est spécifique. Il est appelé inverter et est souvent alimenté par des simples piles.

Un écran EL avec son inverter.

On trouve des écrans électroluminescents bruts sur Internet pour pas très cher, mais leur homogénéité est médiocre et il est préférable de les éviter.

Les panneaux EL sont généralement fabriqués à partir d’une feuille EL. On peut aussi en bricoler soi-même avec une spirale de fil EL derrière une plaque acrylique opalescente. Leur lumière est très bleutée, peu intense dans les rouges et leur stabilité dans le temps n’est pas très bonne.

Notez que la haute fréquence peut générer des artéfacts en interagissant avec l’électronique de certains capteurs.

Enfin, il est quasiment impossible de moduler la luminosité des écrans EL, qui dépend en outre de la température extérieure, comme on le voit ici après avoir simplement posé la main sur l’écran pendant quelques secondes :

https://www.webastro.net/upload/images/10293-1381839152.jpg

Table lumineuse

Les tables lumineuses servent à éclairer une surface au-dessus de laquelle un dessinateur peut voir en transparence le dessin qu’il reproduit.

Une table lumineuse A4

Elles sont souvent alimentées en USB, avec 2 ou 3 intensités lumineuses. Elles sont très pratiques à ranger dans une pochette.

Malheureusement, elles ne sont pas disponibles dans toutes les tailles (A5, A4 et parfois A3). La lumière provient d’une rampe de LEDs qui vient éclairer une plaque acrylique sur 1 ou 2 côtés. Le résultat est une surface assez uniformément rétroéclairée. Le résultat est convenable si on tourne la plaque entre chaque pose.

Panneau d’éclairage

Les magasins d’éclairage et de bricolage vendent désormais des panneaux d’éclairage domestiques. Ils se présentent sous la forme de boites de diverses formes carrées, rectangulaire ou circulaires et dimensions. Alimentés en 220 V, la tension est en pratique abaissée à l’intérieur du boitier pour alimenter ensuite de nombreuses LEDs dont la lumière est ensuite uniformisée sur une plaque acrylique opalescente.

L’alimentation en 220V est peu adaptée à un usage en environnement extérieur, il sera donc réservé aux postes fixes. Mais les bricoleurs pourront démonter le panneau du commerce pour l’alimenter directement à la tension des LEDs (généralement entre 12 et 48 V) et éventuellement installer un variateur pour régler la luminosité.

Au moment où cet article est écrit, ces dalles sont disponibles en tailles allant jusqu’à 60×60 cm (voire parfois 67,5 x 67,5 cm) et sont donc adaptées pour être posées sur le mur ou le plafond d’un poste fixe.

Il existe deux technologies :

  • Backlit : les LEDs sont positionnées sur toute la surface de la dalle, derrière la plaque opale. La dalle est assez épaisse (35 mm environ). L’uniformité sera immédiatement compromise en cas de panne d’une LED.
  • Edgelit : les LEDs sont placées sur 1, 2 ou 4 bords et la lumière est distribuée par une plaque guide de lumière. Ces dalles sont plus fines (10 mm environ) mais plus chères. Les LEDs des edgelit étant très resserrées et leur lumière très dispersée sur l’ensemble de la surface du panneau, ces dalles sont moins sensibles au défaut d’uniformité en cas de panne d’une LED.

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